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Déclaration commune du CMCM, de l’IBTN et de Can-Change
Préparée par :
Kim L. Lavoie, PhD1,2 et Simon Bacon, PhD2,3
Codirecteurs, Centre de médecine comportementale de Montréal (CMCM)
Coresponsables, International Behavioural Trials Network (IBTN)
Membres fondateurs, Réseau canadien pour la promotion et le changement des comportements de santé (CAN-Change)
Traduite par : Geneviève Szczepanik2
Cette déclaration est rendue disponible en plusieurs langues. Voir les choix.
La pandémie de COVID-19 est probablement la crise sanitaire la plus importante (en raison de son ampleur mondiale) de l’histoire moderne. Le monde dans lequel nous nous sommes réveillés aujourd’hui n’est pas le même que celui dans lequel nous nous sommes réveillés il y a seulement quelques semaines. Le monde nous paraît soudainement beaucoup plus petit – cette crise ne se déroule pas dans une région éloignée ailleurs dans le monde, elle se déroule chez nous, devant notre propre porte. Cela nous arrive à nous tous (et non pas à « eux »). Alors maintenant, plus que jamais, nous devons nous unir comme un seul et même peuple pour surmonter cette crise mondiale. L’objectif est de préserver des vies, notre mode de vie et notre qualité de vie. La question est : comment faire?
L’aspect le plus frappant de cette crise sanitaire est peut-être le fait que ce problème ne peut pas être résolu par les approches biomédicales traditionnelles, comme les médicaments et les interventions chirurgicales, sur lesquelles nous avons appris à nous appuyer quand nous sommes malades. Les autorités mondiales de la santé s’entendent pour dire que le seul « traitement » pour ce virus n’est pas vraiment un traitement, mais plutôt la prévention, plus précisément l’utilisation à l’échelle mondiale d’approches comportementales fondées sur des preuves. Ces approches comportementales sont la pierre angulaire d’une discipline appliquée appelée « médecine comportementale », qui utilise des interventions comportementales pour prévenir, traiter et gérer les maladies chroniques. Les approches de médecine comportementale pour la prévention et la gestion des maladies n’ont jamais été aussi pertinentes et importantes.
Voici comment la médecine comportementale est au cœur de la solution pour la COVID-19 :
Le principal problème en lien avec la COVID-19 concerne la vitesse de propagation (car il n’y a pas de vaccin) et son symptôme le plus caractéristique : les difficultés respiratoires. Ce virus attaque les poumons. Les personnes infectées qui développent de graves complications respiratoires ne risquent pas de mourir car nous avons un excellent système de santé et un accès à des appareils médicaux (comme des appareils respiratoires). Toutefois, si le virus se propage trop rapidement, un trop grand nombre de patients à haut risque (personnes âgées, personnes avec d’autres problèmes de santé comme des maladies cardiaques ou respiratoires, le diabète, le cancer, ce qui représente près de 40% de la population) pourraient avoir besoin de soins et d’appareils respiratoires, et il n’y en aura pas assez pour tous. C’est pourquoi les efforts se concentrent sur « l’aplatissement de la courbe d’infection » (voir la figure), qui permet de ralentir la vitesse de propagation de l’infection et d’éviter de faire face à une augmentation élevée de personnes infectées qui auraient besoin de soins hospitaliers sur une même période de temps, ce qui submergerait le système de santé.
C’est la raison pour laquelle l’accent est mis sur la prévention plutôt que sur le traitement ou le remède. Malheureusement, comme il n’y a pas de vaccin, le risque d’une propagation rapide est beaucoup plus élevé (et cette épidémie sert de petit rappel quant à l’importance d’être vaccinés – y compris pour des maladies comme la grippe, qui mène à 140 000-810 000 hospitalisations chaque année [aux États-Unis] et 12 000 hospitalisations chaque année [au Canada] – parce que tant de personnes refusent de se faire vacciner, ce qui met les personnes à haut risque en danger de complications graves).
Notre problème est que nous en sommes venus à dépendre de notre système de santé pour nous guérir quand nous sommes malades et que nous avons perdu notre sentiment de responsabilité personnelle et sociale face à l’adoption d’un mode de vie sain et la pratique de bons comportements de santé – comme pratiquer la distanciation sociale, se laver les mains, tousser dans nos coudes, rester à la maison quand nous sommes malades et se faire vacciner (quand le vaccin sera disponible). La COVID-19 nous rappelle l’importance de pratiquer de bons comportements de santé pour éviter la transmission et la propagation des maladies infectieuses, mais ces comportements sont tout aussi importants pour prévenir et gérer des maladies chroniques non transmissibles (MNT), car ce sont des MNT comme les maladies cardiovasculaires et respiratoires chroniques, le cancer et le diabète qui représentent la majorité des maladies et plus de 70% des décès à travers le monde.
La bonne nouvelle est que l’adoption de bons comportements de santé est gratuite ou très peu dispendieuse par rapport aux médicaments, à la chirurgie, aux visites chez le médecin et aux séjours à l’hôpital. Vous êtes également en contrôle de vos comportements de santé et la « prescription » se résume souvent à faire preuve de bon sens, à prendre des précautions raisonnables et à adopter de bons comportements de santé dans votre vie quotidienne.
Alors ne paniquez pas. Allez chercher des informations concernant la COVID-19 auprès de sources réputées comme l’Agence de la santé publique du Canada, les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (Centers for Disease Control) et l’Organisation mondiale de la santé et prenez une dose massive de « médecine comportementale » :
- Pratiquez la distanciation sociale. Cela signifie d’éviter les situations et les activités qui impliquent de potentiellement entrer en contact étroit (1 mètre) avec d’autres personnes ou avec des surfaces qu’une personne infectée pourrait avoir touchées. Cela comprend :
- Travail, école/université
- Transport en commun (autobus, taxi, Uber, train)
- Établissements de santé
- Activités religieuses (église, synagogue, mosquée)
- Magasins, centres commerciaux (***voyez si vous pouvez vous faire livrer des choses)
- Tous les événements publics (sportifs, festivals, conférences, concerts, etc.)
- Rassemblements personnels (soupers, fêtes, visites d’enfants)
- Tous les voyages inutiles en avion (tenez-vous informés des alertes de voyages car elles changent à tous les jours, et si vous partez en voyage, préparez-vous à ce que les frontières ferment à tout moment).
- Lavez-vous les mains à l’eau et au savon pendant au moins 20 secondes avant et après être sortis et après avoir touché à des surfaces en public (utilisez un désinfectant avec au moins 60% d’alcool si vous ne pouvez pas vous laver les mains et évitez de toucher les surfaces en public)
- Évitez de toucher à votre visage avec vos mains
- Toussez et éternuez dans votre bras ou votre coude
- Isolez-vous socialement (y compris des personnes qui vivent chez vous) si vous êtes infectés ou développez des symptômes de rhume ou de grippe (en particulier de la fièvre et des difficultés respiratoires) et appelez votre autorité sanitaire locale pour obtenir des instructions
- Préservez votre santé mentale en étant conscients de votre attitude au sujet des directives de santé et des informations concernant les risques. Évitez la pensée catastrophique et soyez créatifs pour trouver des moyens de tirer profit de ce temps de repli : faites de la lecture, rattrapez votre retard sur vos émissions préférées/films, cuisinez, méditez, faites de l’exercice, commencez votre ménage du printemps, contactez un ami ou un être cher, prenez une marche, passez du temps avec vos enfants.
VOIR LA FICHE D’INFORMATION PRÉPARÉE PAR DRE KIM LAVOIE
Vous n’avez pas besoin de faire des réserves rapides de produits (la chaîne d’approvisionnement en marchandises n’est pas en danger au Canada ou aux États-Unis), et les masques sont inefficaces pour VOUS protéger, ils sont seulement efficaces pour aider les personnes potentiellement exposées/infectées comme les professionnels de la santé pour protéger les patients.
Notre priorité doit être de réduire la vitesse de propagation et de protéger la capacité du système de santé (et de nos précieux professionnels) à traiter tous les cas à haut risque, tout en continuant à prendre soin de tous les autres patients.
Alors adoptez de bons comportements de santé – non seulement pour prévenir la COVID-19 mais aussi pour prévenir d’autres importantes maladies chroniques (comme les maladies cardiaques et respiratoires, le cancer et le diabète) qui seront encore la cause de la majorité des décès dans le monde lorsque cette crise sanitaire sera terminée.
1 Département de psychologie, Université du Québec à Montréal (UQAM)
2 Centre de médecine comportementale de Montréal (MBMC), CIUSSS-NIM Hopital du Sacré-Coeur de Montréal
3 Département de santé, kinésiologie et physiologie appliquée, Université Concordia
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